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Les produits laitiers et la santé cardiovasculaire

Alice Larocque-Carrier

Étudiante en Diététique (4e année) Université McGill

Les gras saturés ont mauvaise presse, étant associés notamment à l’augmentation du LDL sanguin, un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires (MCV). D’après Santé Canada, un nouveau message concernant les gras saturés sera ajouté dans le prochain guide alimentaire. Le message à la population sera donc de remplacer ces gras par des gras insaturés afin de réduire le risque de maladies du cœur [1].

Toutefois, l’impact des gras saturés sur les MCV demeure controversé et de plus en plus de preuves scientifiques tendent à démontrer que les acides gras saturés ne sont pas tous égaux.

Certaines preuves suggèrent que les gras saturés à chaine courte et moyenne ainsi que les acides stéariques auraient un impact nul sinon bénéfique sur le risque de MCV, alors que les gras saturés à chaine longue (acide laurique, myristique et palmitique) contribueraient à faire augmenter le risque de MCV [2, 3]. Il a également été suggéré que la matrice des aliments contenant des gras saturés pourrait influencer leur impact sur la santé cardiovasculaire [3, 4].

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Les produits laitiers représentent une source considérable de gras saturés dans notre alimentation. Ceux-ci sont principalement composés d’acides palmitiques et stéariques, et contiennent également des acides gras saturés à chaine moyenne et courte [5, 6]. Devrions-nous donc être inquiets d’en consommer, au risque de nuire à notre santé cardiovasculaire ?

Dans les faits

Afin d’obtenir réponse à cette question, voici un résumé d’une méta-analyse et d’une revue systématique récente sur les produits laitiers et le risque de MCV :

Une méta-analyse (2013) regroupant 20 études randomisées (n=1677, âge moyen 51 ± 16 ans, femmes : 78%) sans diabète, hypertension ou maladies vasculaires (IMC moyen 25.5 ± 6.2 kg/m2), a évalué les effets d’une augmentation de la consommation de produits laitiers (+ ~ 3 ± 0.62 portions/jr) durant une période minimale de 1 mois (moyenne 26 semaines) sur plusieurs marqueurs de santé cardiovasculaire. La méta-analyse a montré :

o Qu’une augmentation de la consommation de produits laitiers (entiers ou réduits en gras) ne cause aucun effet significatif sur le cholestérol sanguin LDL et HDL, la protéine C-réactive, la pression systolique et diastolique, le tour de taille, la résistance à l’insuline, le glucose sanguin à jeun, et peut causer un léger gain de poids (+ 0.60 kg en moyenne).

  • Aucun effet de la teneur en gras des produits laitiers sur les marqueurs de santé cardiovasculaire n’a été démontré [7].

Les auteurs d’une revue systématique (2016) ce sont intéressés à l’association possible entre la consommation de produits laitiers et la santé cardiovasculaire (21 méta-analyses d’études prospectives, âge des participants non précisé). Ceux-ci ont conclu qu’il existe :

  • Une association neutre entre la consommation totale de produits laitiers, et le risque de MCV et de maladies coronariennes (MC) (qualité de l’évidence élevée)

  • Une association favorable entre la consommation totale de produits laitiers et le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) (qualité modérée).

  • Une association neutre entre l’apport en produits laitiers entier et le risque de MC (qualité élevée) et d’AVC (qualité modérée)

  • Une association incertaine entre l’apport de produits laitiers entiers et faibles en gras et les MCV (qualité faible).

  • Une association neutre entre la consommation de fromage et de yogourt et le risque de MCV (qualité modérée et élevée, respectivement)

  • Une association favorable entre la consommation de produits laitiers faibles en gras, de produits laitiers fermentés et de fromage, et le risque d’AVC (qualité modérée) [8].

Selon les articles révisés, les produits laitiers auraient peu d’influence, voire même une influence positive sur la santé cardiovasculaire.

Par ailleurs, contrairement à certaines sources de gras saturés, les produits laitiers sont riches en nutriments. Le lait, par exemple, constitue une excellente source de protéines, calcium, vitamine B12, riboflavine, phosphore, vitamine D (lorsque fortifié) et autres [9]. Pour les enfants et les adolescents, ce breuvage procure une quantité importante de protéines et de minéraux nécessaires pour l’acquisition de masse osseuse et musculaire [9, 10]. Les produits laitiers sont également une option pour les individus éprouvant une perte d’appétit pour atteindre leurs besoins énergétiques et protéiques, en plus d’être faciles à mastiquer.

Pas d'effets négatifs sur la santé cardiovasculaire

En conclusion, il semble que les produits laitiers n’aient pas d’effets négatifs sur la santé cardiovasculaire. Toutefois, plus d’études sont nécessaires afin de mieux comprendre l’association entre les différents types de produits laitiers, pris individuellement, et le risque de MCV ainsi que leurs effets sur les différents marqueurs de santé cardiovasculaire. De plus, contrairement à certaines sources de gras saturés les produits laitiers sont bénéfiques pour l’ensemble de la population par leur contribution en divers nutriments. L’on peut tout de même argumenter, avec raison, que ceux-ci ne sont pas essentiels dans une saine alimentation puisqu’il est possible d’aller chercher les macro- et micronutriments qu’ils renferment dans d’autres aliments. Selon le niveau de preuves actuel sur les produits laitiers et la santé cardiovasculaire, il est convenable de conclure que ces derniers, lorsque consommés avec modération, ont leur place dans un régime alimentaire équilibré.

Révision: Anne-Julie Tessier, Dt.P

References

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