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Jeûne Intermittent : que faut-il savoir?

Julia Lévy-Ndejuru, RD, M.Sc (c)

Dt.P Université Laval

Intermittent Fasting

On entend de plus en plus parler de jeûne intermittent (JI) comme méthode de perte de poids et d’amélioration de la santé métabolique. Les partisans du JI affirment que cette méthode est supérieure aux régimes hypocaloriques, car elle réduirait les mécanismes de compensation métabolique qui suivent une perte de poids et qui contribuent au regain de poids, par exemple la réduction de l’efficacité énergétique et la dérégulation des hormones de satiété. Cela faciliterait donc l’adhérence à ce régime.

Il est à noter qu’il y a différents protocoles de JI (1). Généralement, il s’agit d’alterner des journées où l’on mange ad libitum avec des journées de jeûne où l’on consomme peu, entre 500 et 600 calories, ou pas de calories. Une méthode populaire propose 2 jours de jeûne pour 5 jours sans jeûne. Une autre suggère de jeuner un jour sur deux. Il est important de savoir ici que les partisans du JI notent toujours qu’on ne doit pas profiter des jours sans jeûne pour manger plus qu’à notre faim.

Que nous dit la recherche et que devons-nous en conclure?

Un résumé de la recherche chez des adultes :

  • Une méta-analyse (2016) d’études comparant le JI à un régime hypocalorique (6 études randomisées contrôlées, intervention 6 mois et plus, 981 participants) n’a trouvé aucune différence au niveau de la perte de poids et des marqueurs métaboliques (lipides, glucose et insuline sanguins, A1C) (2).
  • Une étude de 2015 (35 participants) a comparé un protocole de JI, soit 3 jours non consécutifs de jeûne par semaine (550 kcal et 660 kcal par jour pour les femmes et les hommes respectivement) à une diète hypocalorique, durant 12 semaines. Les participants des deux groupes consommaient ~67% de leurs besoins caloriques estimés. Les résultats n’ont démontré aucune différence entre les deux protocoles au niveau de la perte de poids et des mécanismes de compensation métabolique (quotient respiratoire, métabolisme de base, efficacité énergétique, appétit et hormones régulatrices de l’appétit) (3).
  • Une étude randomisée contrôlée publiée cette année dans le JAMA consistait en un suivi sur un an de 100 participants affectés à l’une des diètes suivantes: JI, hypocalorique ou contrôle. Le groupe JI consommait 25% de ses besoins caloriques 1 jour sur 2, et 125% les autres jours. Le groupe hypocalorique consommait 75% de ses besoins caloriques chaque jour. La perte de poids fut la même relativement au groupe contrôle dans les groupes JI et hypocalorique à 6 mois (6.8%), puis à 12 mois (6.0% et 5.3%, respectivement). Aucune différence dans les indicateurs de santé cardiométabolique (pression artérielle, rythme cardiaque, glucose et insuline sanguins, résistance à l’insuline, protéine C réactive) n’a été trouvée non plus. Une élévation du HDL a été notée à 6 mois dans le groupe JI, mais elle ne s’est pas maintenue à 12 mois. Au contraire, une élévation du LDL dans ce même groupe est apparue à 12 mois. Il est intéressant de noter que plus de participants du groupe JI ont quitté l’étude avant sa fin que de participants du groupe hypocalorique, soit 38% contre 29% (4).

Conclusion:

D’après les articles révisés ci-haut, la recherche existante sur le JI indique que cette méthode ne donne pas de résultats différents du régime hypocalorique en termes de perte de poids, de mécanismes compensatoires et de marqueurs cardiométaboliques et est peut-être plus difficile à suivre. Plus d’études sur le sujet, s’étendant sur de plus longues périodes, sont nécessaires.

Il est important de noter que le régime hypocalorique lui-même n’a pas fait ses preuves quant à l’atteinte d’une perte de poids durable, menant le plus souvent à un effet de yo-yo (5,6). Il serait pertinent de savoir si le JI mène lui aussi à un regain de poids à long terme. Vu le peu de différences trouvées entre le JI et la restriction calorique dans ces études, cela ne serait pas étonnant.

Pour cette raison, une intervention nutritionnelle centrée sur le changement comportemental et l’amélioration de la santé globale plutôt que sur le poids, telle que l’alimentation intuitive, pourrait être plus appropriée. La recherche sur cette approche est encourageante et sera couverte dans un autre billet (9).

References

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